CHAPITRE I
Moi, c’est Fatima Chérif Diallo, fille unique de mes parents... Que leurs âmes reposent en paix !
Je suis orpheline... triste non ? Guinéenne de père et Dubaïote de mère donc une métisse ; j'ai un teint café au lait, une longue chevelure noire… J’aurai 17 ans dans un mois ; s’il plaît à Dieu !
Je suis en classe de 12e Année Sciences expérimentales (en 11e Aannée, j'avais fait les Sciences expérimentales, mais en Terminale je compte faire les Sciences mathématiques.)
Je vis avec mon oncle paternel et son épouse... Mais Dieu est Grand ! Elle est méchante plus que le mot même...Vous avez entendu parler de l'enfer sur terre ? Bah ! Moi, c'est ce que je vis depuis 10 ans maintenant.
J'ai une cousine qui s'appelle Mariama Diallo, la Princesse de la famille. Elle est en Terminale Sciences expérimentales, mais elle est nulle en classe. Je me demande comment elle a fait pour se retrouver à ce niveau-là.
Sa grande sœur Houray est en L 2 à UGANC l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, option biologie. Mariée et mère d'un petit prince, elle vit chez nous actuellement, elle est pire que Satan et enfin...un cousin, Thierno Madjou, mon petit cousin à moi, mon Jack Bauer. Il a terminé ses études et vit aux USA ... C'est un homme d'affaires. Actuellement, il est au Canada pour son job ! Le meilleur des cousins. Omer est mon meilleur ami. Nous avons étudié ensemble depuis le primaire, je l'appelle mon fils pour plaisanter, lui aussi est toujours là pour moi.
Mes parents sont morts dans un accident de voiture en Angleterre. Je n'avais que 7 ans. Nous étions ensemble... J'ai survécu, mais eux ont succombé à leurs blessures.
Étant une petite fille qui ne connaissait rien de la vie, mon oncle m'a adoptée. Ma tante maternelle voulait que je reste avec elle, mais l'oncle a dit qu’il n’en est pas question. Ils étaient même partis au tribunal pour obtenir ma garde...J’étais devenue la cause d'une dispute familiale, chacun d’eux voulant rester avec moi. Mon oncle avait promis de prendre soin de moi... lui, oui, il prend bien soin de moi, mais sa femme et sa fille ; c'est terrible... Il est spécialiste dans le domaine de la médecine, ses voyages ne durent pas plus d'un mois, des fois en France, au Canada, à Dakar, en Afrique du Sud, etc. Toujours entre deux avions.
Arrivée à la maison je prends mon cahier journal pour décrire ma journée au lycée ; le classement de la composition, mon rang de major de la classe, les félicitations du directeur…Soudain mes maux de ventre commencent… Je sens que je vais tomber malade. C'est pour cela que je n'aime pas du tout le milieu du mois, quatre jours seulement, quatre jours, mais c'est suffisant ! Chaque fois que mes menstrues viennent, je tombe malade, ressentant une douleur incommensurable depuis trois ans maintenant... Bref, j'ai pris mes médocs, mais ça n'a servi à rien. La seule chose que je peux faire c'est de pleurer. Mais cela n'empêche pas ma soi-disant Tante de me faire travailler. C'est avec cette douleur que je suis tombée dans les bras de Morphée.
Il y a une chose que je n'oublie jamais... Mon réveil spécial du lendemain matin.
Pan ! Pan ! Pan ! J'ai un réveil spécial moi pas comme celui des autres, pas avec alarme musicale, mais avec une main de fer ; cette femme est une Hitler à la mode féminine. Pourtant, aujourd'hui c'est férié, donc pas de cours.
-Il est 8 h 33 minutes et tu es toujours au lit en train de ronfler ? Mes enfants n'ont pas encore pris leur petit déjeuner, vocifère ma tante me donnant un violent coup dans le dos.
Les enfants dont elle parle là, la première a 20 ans et la seconde 18.
-La lessive, les corvées tout t'attend, lève-toi, hurle-t-elle encore, me donnant un autre coup plus douloureux que le premier.
-Tante, ne me tapez pas comme ça, sinon vous allez finir par me tuer, dis-je en me levant les yeux embués de larmes. Conséquence ? Vous allez passer le restant de votre vie à travailler, car vos deux filles ne savent même pas comment tenir un balai, et pour la marmite n'en parlons pas... Après ? Mon fantôme viendra vous hanter tous les jours que Dieu fait et....
-Ferme ta gueule. C'est à moi que tu parles ainsi ? Moi, ta tante ? me coupe-t-elle en criant.
Elle ne peut pas prononcer deux mots sans crier sur moi ndeyssane! Pourtant mon oncle lui a dit qu'une femme ne doit pas hausser le ton.
-Pardonnez-moi. Je croyais que j'étais toujours dans mon sommeil, mais je viens de me rendre compte que non. Je vais prendre une douche et venir vous servir majesté, dis-je en baillant avant de me lever.
-Cinq minutes, je te donne cinq minutes et si tu ne me trouves pas au salon je vais défoncer ta porte !
-D'accord, Nicki Bela. J'ai compris !
Je rentre dans la salle de bain, brossage des dents 2 minutes, toilette 2 minutes 4 secondes, j'avais mon phone sur moi donc c'était à regarder. Je me suis regardée dans le miroir… Je suis trop belle quoi ! J'ouvre ma bouche, des dents blanches, je touche mes cheveux, naturels et soyeux ; j'adore le résultat, je sors enfin !
J'enfile un pantalon et un T-shirt que m'avait envoyé mon cousin Madjou, me parfume, mettant un peu de rouge à lèvres. Je sais que je sors pour travailler, mais n'empêche, je prends soin de moi. Ma mère me disait toujours qu'une femme devait prendre soin d'elle... être propre, sentir bon.
-Fatiiimaaaa! crie ma tante.
Alors là c'est mort pour moi. Quand elle m'appelle comme ça, c'est autre chose ! En sortant de ma chambre, je trouve les deux fausses princesses assises dans le salon en train de regarder une série sur Disney !
-Bonjour !
-Bonjour ! répondirent-elles au bout des lèvres.
- Je crois que je vais regarder la télé un peu avant de commencer les travaux ménagers ; euh j'ai sommeil comme ça, m'asseyant sur le canapé.
-Fatima accompagne-moi au marché, me proposa Marly la bonne.
-J'ai mille et un boulots à faire et toi tu me demandes de t'accompagner ? Tu es folle c'est ça ? Attends tu veux ma mort sur ta conscience ? Vas-y, nan, tu sais que si je ne termine pas le travail là d'ici 10 h la méchante va me décapiter en plusieurs morceaux avant de les donner à Patience le chien.
Mariam me regarde :
-Qui est la méchante ? demande Mariam, ma cousine.
-La méchante elle-même, me levant avant de me diriger vers la porte pour chercher le balai en chantonnant : hum hum hum oh oh oh ah ah ah ah ouw.
Marly me regarde, me sourit avant de tourner les talons !
Je fais tout le travail sauf la cuisine. Je ne sais pas cuisiner. Si quelqu'un d'autre à part ma tante le fait mon oncle ne mange pas, mais le reste : lessive, lavage, tout et tout suis number one. Cela fait 10 ans depuis que je travaille comme une mamie de 45 ans qui n'a pas de bonne, ni de belle fille pour la simple raison que son fils veut devenir milliardaire avant de se marier, je ne comprends pas cette génération. Mais Insha Allah, je vais tout faire pour apprendre à cuisiner, car une femme qui ne sait pas faire ça, c'est moitié femme déh. Donc Marly m'a promis de m'aider après la fin de l'année scolaire.
Comme d'habitude, Oustaz va bientôt arriver... Au fait, nous avons un maître coranique qui vient à la maison du lundi au vendredi pour nous enseigner le Coran, nous et nos voisines, après la prière du soir. C'est mon oncle qui l'a engagé et le paye chaque fin de mois.
Après la prière, nous étions toutes assises sur les nattes et le maître coranique sur une autre.
-Fatima apporte moi de l'eau, prononça le maître coranique en s'adressant à moi.
-D'accord, répondis-je d'une petite voix respectueuse.
Aussitôt dit aussitôt fait.
La fille respectueuse, soumise, dévouée, bien éduquée que je suis lui donne le gobelet en faisant une génuflexion.
-Merci que Dieu te bénisse!
-Amine !
On ne sait jamais, la bénédiction de ton maître coranique, de ton maître d'école, de celui qui t'enseigne les bonnes choses, de tes parents, de ta tante paternelle est très importante, donc un amine est bien même si c'est une personne âgée de 7 ans. Le fait qu'il nous enseigne beaucoup de choses ne peut pas voler à l'air !
L'heure de la prière arrive. Nous prions ensemble, continuant la lecture jusqu'à 22 h.
De nous toutes, je suis la plus intelligente, parce que chaque jour, il me donne cinq pages, et le lendemain je récite en fermant le Coran... la plupart du temps sans faire de faute, dès fois cependant en en faisant deux ou trois, mais jamais plus. Je me lève tous les jours à 4 h, revois le Coran, fais des prières surérogatoires jusqu'à l'heure de la prière de fadjr ! Au petit matin, super Rambo se lève pour le boulot.
Je me suis levée avec mon réveil habituel, faisant tout le tralala du matin et, comme d'habitude, j'ai pris le soin de bien m'arranger avant de partir au balcon avec mon iPhone 7+ que m'avait offert mon cousin Madjou.
Me couchant sur le canapé, je tire mes longues jambes, les mettant sur la table en branchant mes écouteurs pour suivre Dadju Intuition. Je le kiffe grave lui, bon pas lui, mais ses clips lol...
J'étais sur le point de m'endormir quand soudain j'ai senti comme si on venait de me couper la main... Je me suis levé en sursaut.
Ehhh, cette femme n’a pas de cœur, si au moins elle n'avait pas d'enfants j'allais la comprendre, mais elle en a trois. Elle comprend donc la douleur qu'on ressent quand quelqu'un fait du mal à nos enfants. Pourquoi ne se souvient-elle pas que moi aussi j'ai eu une mère ? Même si elle est morte. Pourquoi est-elle cynique avec moi ? Pourquoi me déteste-t-elle? Pourquoi ne me traite-t-elle pas comme son enfant ? Pourquoi traite-t-elle une orpheline de cette façon ? Pourquoi ? Pourquoi mes parents m'ont-ils laissée toute seule? Pourquoi ? ... J'éclate en sanglots, la douleur étant à son paroxysme.
Tata Aissatou, me regardant dans les yeux :
-Tu as déchiré la robe de Houraye pour laver la maison ? dit- elle me fixant droit dans les yeux appuyant sur ma main en se fichant du mal que je pouvais ressentir. Je vais te tuer toi !
Est-ce une raison ? Je n'ai jamais déchiré la robe de sa fille.
-Moi, entre deux sanglots. Tuez-moi ! Je préfère mourir plutôt que de vivre cette vie de merde, tuez-moi, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes.
À cet instant, mon oncle apparut... voyant le sang sur ma main il fut pris de panique avant de courir... Le pauvre vient de rentrer, mais il n'a même pas le temps de se reposer !
Peu après, il revint avec une trousse de secours ! Oui, elle voulait me couper les veines. Le sang sortait à gogo, mais mon oncle me fit un bandage et géra tout.
-Tu faisais quoi avec ce couteau ? cria mon oncle énervé. Tu voulais la tuer ? Me prenant dans ses bras !
-Pardonne-moi ma fille, je ne savais pas ce que je faisais, pardonne-moi, dit-elle sur un ton de regret en versant des larmes de crocodile.
Me levant :
-Que Dieu vous pardonne ma tante... Que Dieu vous pardonne! dis-je avant d'aller dans ma chambre et la fermer à clé.
Dieu merci! Au moins, j'ai une chambre à part ! Je passe la nuit à pleurer me demandant pourquoi ma tante est si méchante avec moi ! J'ai confiance en Allah soubhana wataalla et j'ai la ferme conviction qu'il me fera sortir de cet enfer un jour et que tout ceci ne sera plus qu'un souvenir.
Je me suis enfermée dans ma chambre, j'ai pris mon album photos et mon cahier journal, j'ai commencé à faire défiler les photos, celle de mes parents et de moi et j'ai pris celle qui me plaisait le plus. C'était lors d'une soirée en Afrique du Sud avec certains de leurs amis. Ils me manquent tellement! Tante Aissatou m'a toujours détestée, elle me traite comme si j'étais la bonne. La seule différence est que moi on ne me paye pas à la fin du mois, elle oublie peut-être que tout se paye dans ce monde, elle a deux filles qui sont exactement comme elle, mais bon ce sont des filles, non ? Elles ne savent pas ce qui les attend avec leur future belle-famille, moi non plus ! C'est injuste ce qu'elle me fait, mais comme on le dit souvent il ne faut jamais perdre la foi, Dieu est le seul et unique protecteur, il est le seul qui peut tout faire dans ce monde et tout ce qu'il fait est bien.
Je me suis souvenu du jour où ma mère avait signé un contrat avec un certain Cheikh je ne sais même pas s’il est encore vivant.
-Voilà monsieur Cheikh, nous sommes devenus partenaires, dit-elle avec le sourire, merci.
-De rien Madame Diallo, votre entreprise est très réputée et vous avez beaucoup de savoir-faire.
Nous étions avec un certain monsieur Cheikh et son fils. Je me souviens un peu de son visage ; ce garçon était très beau, mais nous ne nous sommes plus revus, il ne parlait pas beaucoup.
-Vous avez une belle fille, quel âge a-t-elle ? demanda Cheikh.
Maman me donna un bisou sur le front.
-Elle a 7 ans, dit papa, c'est la prunelle de nos yeux, notre princesse !
-Est-ce que je peux faire d'elle un jour ma belle-fille ? demanda Cheick.
-Bien-sûr que oui, répondit maman puis regardant mon père, elle ajouta : n'est-ce pas mon amour ?
Enfin s'adressant à Cheikh :
-Vous avez une bonne famille, et je suis sûre qu'aucune autre famille ne prendra soin de ma fille plus que vous. Nous avons travaillé 6 ans ensemble, je vous connais très bien.
Papa me prend dans ses bras, me donnant un bisou dans les cheveux, et dit:
-Ma princesse…
C'est vrai que chaque fille quittera, un jour, sa famille pour rejoindre une autre.
-La future femme de mon benjamin, s’écrie Cheikh!
-Oui! renchérit Maman.
-Surtout, ne changez pas d’avis le moment venu.
-C'est promis, dit Maman. Si vous êtes vraiment au sérieux, on vous donnera notre prunelle.
-Je vous promets que moi aussi mon fils ne mariera aucune autre femme que la vôtre Incha'Allah! Parole de Cheikh Ibrahima Diallo !
Puis ils ont commencé à sourire comme de vrais beaux-parents. Avant de reprendre le boulot, un mois plus tard, nous avons fait l'accident et depuis je n'ai plus jamais revu ce monsieur Cheikh.
J'ai passé toute la journée à pleurer et à réfléchir à mon avenir ! En regardant mes photos avec mes parents, j’ai souri, et en repensant qu'ils ne sont plus là, j’ai pleuré! C'est dur de perdre un être cher, oui très dur !
Mon oncle est passé me voir, mais j'ai catégoriquement refusé d'ouvrir la porte, il n'a qu'à aller se frotter avec celle qui lui sert de femme ! Mes excuses pour le terme, mais c'est comme ça.